21/07/2025 - Général
Trump, l’UE et la dernière ligne droite avant l’embrasement commercial
La tension est montée d’un cran ce lundi 21 juillet : l’Union européenne vient de franchir une étape décisive dans la préparation de représailles massives contre les tarifs douaniers annoncés par Donald Trump. Si le climat était déjà électrique, la perspective d’une confrontation commerciale ouverte se concrétise plus que jamais, à moins de dix jours de la date fatidique du 1ᵉʳ août.
L’Europe muscle (enfin) sa réponse
Après des semaines de diplomatie prudente, Bruxelles bascule désormais en mode offensif. Les ambassadeurs européens, réunis aujourd’hui, ont validé une feuille de route qui va bien au-delà des traditionnels droits de douane : non seulement les 21 milliards d’euros de taxes déjà prêts à frapper des produits américains stratégiques pourraient être déclenchés juste après le 6 août, mais l’UE prépare aussi un arsenal complémentaire à hauteur de 72 milliards d’euros, touchant l’aéronautique, l’auto, l’agroalimentaire, l’IT, et plus encore.
Innovation notable : l’Europe menace d’activer pour la première fois son Instrument anti-coercition (ACI), conçu à la base contre la Chine. Ce dispositif permettrait de limiter l’accès des entreprises américaines à la commande publique européenne, d’entraver certains financements, et même d’imposer des restrictions ciblées sur les services financiers. C’est une vraie montée en gamme dans la réponse et un signal fort envoyé à Washington comme à Pékin.
L’Allemagne franchit le Rubicon
Ce qui marque la journée : Berlin, jusqu’ici favorable à la négociation, se rallie à la ligne dure française. L’Allemagne se dit désormais prête à activer l’ACI, ce qui n’était pas gagné d’avance : c’est un game-changer. Cela pourrait amener tout le bloc à parler d’une seule voix et rendre l’escalade plus crédible (et donc plus redoutée à Wall Street).
Impacts sectoriels : qui va trinquer ?
Ce scénario de clash frontal met sur la sellette plusieurs secteurs majeurs : l’industrie automobile allemande (déjà fragilisée par l’électrification), la pharmacie (Irlande, Suisse), l’aéronautique (France/Espagne), mais aussi l’agroalimentaire (Italie, Espagne, France). Les Etats-Unis, eux, pourraient voir certains produits emblématiques frappés en retour : bourbon, Harley Davidson, tech US, etc.
Un point d’attention : certains industriels européens anticipent déjà des perturbations logistiques, des surcoûts et la perte de parts de marché, d’autant que la demande mondiale ralentit. Les analystes parlent de possibles révisions de croissance dès le 3ᵉ trimestre si aucun accord n’est trouvé.
BCE : la politique monétaire en pause forcée ?
Autre effet immédiat, aujourd’hui : plusieurs économistes, relayés dans la presse financière, estiment que la BCE pourrait devoir suspendre son cycle de baisse des taux. Un tarif à 30 % aurait un impact inflationniste sur les importations (prix à la hausse sur autos, médicaments, tech), réduisant les marges de manœuvre pour assouplir la politique monétaire et soutenir la croissance.
Washington : la ligne dure s’installe
Du côté américain, aucun recul : le secrétaire au Commerce a confirmé ce lundi que la date du 1ᵉʳ août était ferme. Un tarif « de base » à 10 % pourrait être appliqué aux pays jugés “coopératifs”, mais l’UE est clairement visée par la version maximale à 30 %. La Maison Blanche prépare aussi l’opinion à des turbulences, tout en misant sur une volatilité limitée des marchés grâce à la solidité du dollar et à la bonne tenue des techs US.
Et les marchés dans tout ça ?
Étonnamment, Wall Street ne panique pas encore. Mais la volatilité implicite grimpe sur les actions industrielles, l’euro reste sous pression face au dollar et les spreads de crédit se tendent sur les obligations corporate européennes. Les investisseurs restent dans l’attentisme, mais une absence de compromis d’ici le 1ᵉʳ août pourrait déclencher un “sell-off” massif.
Ce qu’il faut surveiller :
- Prochaines annonces officielles de la BCE, et éventuelle pause des baisses de taux.
- Négociations de dernière minute entre Washington et Bruxelles : tout accord, même partiel, serait perçu comme un soulagement par les marchés.
- Mobilisation des industriels européens, avec un lobbying intense pour éviter l’escalade.
- Les signaux politiques : toute déclaration de Trump ou de la présidence européenne susceptible de faire bouger les lignes à la dernière minute.